Dans ce Cahier de printemps, nous allons aborder le thème du Jnâna yoga, le yoga de la Connaissance.
Mais de quelle Connaissance s’agit-il? Intellectuelle? Scientifique? Intuitive? Expérimentale? Pour nous proposer une piste, j’ai repensé à la réponse qu’Arnaud Desjardins’!’ a donnée un jour à l’une de ses élèves. Une jeune femme lui demandait pourquoi, chaque année, il semblait si joyeux de se rendre à Québec auprès de ses élèves canadiens. En riant, il lui répondit que les Québécois étaient moins compliqués que les Français, qu’ils ne cherchaient point à bien «tourner» leurs questions pour les rendre intelligentes et qu’ils possédaient cette qualité particulière de parler « cash », avec les tripes, sans rien «enrober», sans crainte d’évoquer leurs propres expériences,même les moins « glamoureuses ».
Quant aux habitants de la «vieille Europe», ils lui apparaissent encore assez coutumiers de cette manie de palabrer sur des notions abstraites et de formuler les questions de manière parfois tellement ampoulée qu’à la fin, ils ne se souvenaient même plus quelle était leur demande …
C’est un clin d’oeil un peu ironique, mais qui nous rappelle que les stratagèmes intellectuels derrière lesquels nous nous abritons peuvent être autant d’armures qui nous protègent ou plutôt nous empêchent de prendre des risques, de nous exposer, de nous dévoiler, de nous ouvrir, donc de nous connaître. La Connaissance avec un grand «C» ne peut pas passer seulement par le savoir. Elle englobe le courage d’expérimenter, de goûter avec coeur ce que la vie nous présente, celui de cesser aussi de nous rêver pour oser enfin être ce que nous sommes.

Marylène Praz

(1). Arnaud Desjardins disciple du maître vedantin Swami Prajnanpad transmet depuis 1974 l’Adhyâtma yoga, Son ashram se trouve aujourd’hui à Hauteville en Ardèche.