Editorial
Paix et non-violence
L’ahimsâ – la non-violence, occupe une place majeure dans la pensée indienne, et dans le yoga en particulier. Les Yoga-Sutrâs la mentionnent, comme le premier « principe » à appliquer dans notre sâdhanâ, et donc le premier pas sur la voie de la paix intérieure.
Ahimsâ-pratishtâyam-tat-samnidhan-vaîra-tyâgah. YS II,35 Si quelqu’un est installé dans la non-violence, autour de lui, l’hostilité disparaît. (traduction F. mazet)
L’ahimsâ exercerait une force de réfrènement sur l’impulsion agressive ou hostile des autres êtres vivants. Mais comment mettre en oeuvre cette force irrésistible ? Tant que nous sommes sur notre tapis, tout absorbés dans notre pratique, nous sommes généralement bien paisibles, mais que devenons-nous dès que nous quittons notre tapis ? Notre état de conscience et notre comportement changent dès que nous nous sentons menacés, agressés, insultés. « … Aussi longtemps qu’il y aura de la tension, de la souffrance dans nos consciences, il n’y aura ni liberté, ni paix, ni équilibre dans le comportement humain et les relations. » (V. Thakar)
L’enjeu est bien ici de mettre fin à la souffrance, celle que nous nous infligeons nous-mêmes comme celle qui résulte de notre environnement. L’intérêt de l’intégration de ce yama* est de contrôler notre impulsion à ré-agir, non pas de la refuser ou de l’ignorer, mais bien de la reconnaître avec discernement et de s’en décharger en transformant nos vrittis, en réorientant notre conscience vers des tonalités de paix. La pratique du yoga, de la méditation est évidemment une « stratégie » positive pour nous « repositionner » dans notre vraie nature, dans le Soi. « L’effort consiste à dé-couvrir ce qui est là, au plus profond de soi-même. » (J. Castermane p.16)
Merci aux auteurs de ces Cahiers de nous éclairer par leur compréhension pour, espérons-le, nous accompagner vers l’intégration d’ un peu plus de non-violence dans nos pratiques et dans nos vies. Accueillir et apaiser les impulsions de violence avec « viveka,… supposant analyse et introspection » (G. Duc, p.5). Réfléchir à la manière de nous nourrir (A. Sifonios p.12). S’imprégner de la sagesse des textes (L. Cattallano p.19 ; L. Pfefferlé p.24) ; de l’enseignement des maîtres (G. Duc p.33). Adopter une pratique de « hatha yoga équilibrée, régulière,… » (M. Lefèvre p.27).
Apprendre à communiquer sans violence (A. Boss p.40). Et, bien sûr, savourer les délicieuses recettes de Vibusha (p.44)…
De belles invitations !
Avec ce premier numéro de l’année 2023, toute l’équipe des Cahiers du Yoga vous adresse ses meilleurs vœux de paix et de belles pratiques de yoga !
Sylvie Tallon
Rédactrice en chef
LES CAHIERS DU YOGA