C’est l’automne. Les arbres se dépouillent tout doucement de leurs feuilles. La nature se prépare au repos de l’hiver d’où émergera le renouveau. Mais pour nous, point de repos, ainsi que le résument bien ces quelques lignes : « La vitesse devient culte et l’urgence nous obsède. Quick, fast, speed ! En ce début de troisième millénaire, les hommes ont les yeux rivés sur leur montre, le temps est une denrée
rare… Time is money, tout retard devient faute… Comme aux Jeux olympiques, notre devise quotidienne se résume aujourd’hui en trois injonctions catégoriques : altus, fortius, citus : plus haut, plus fort, plus vite, nos jours filent vers l’avènement du zéro délai, sans attente ni répit : communications instantanées grâce aux portables et Internet, achats à distance livrés en « 24 heures chrono », photo en 1 heure, clés minute, fast-food, production industrielle « juste à temps », travail en flux tendu et horaires permanents. La gestion de l’impatience est notre nouvel avenir. L’homme moderne est plus qu’à toute autre époque obligé de composer avec le temps qui lui est imparti dans ce bas monde. Les contraintes de la vie actuelle lui imposent de «gagner du temps», de le «gérer», de l’«optimiser», et surtout de ne pas en perdre. » (1)
Il me semble qu’il nous est pourtant possible de résister, dans une certaine mesure, à ce tourbillon insensé où nous précipitent les exigences d’une société matérialiste à l’excès, dans laquelle nous nous perdons corps et âme. Mieux accorder notre rythme de vie au
rythme de la Nature nous apporte paix, équilibre et efficacité. En automne, après un processus de récolte, de séparation, de triage, l’énergie de la Nature se retire dans la terre jusqu’au printemps pour préparer une vie nouvelle.
De la même façon, c’est le temps pour nous de ralentir nos activités extérieures, et de nous intérioriser. C’est le temps de récolter ce que nous avons semé, et de laisser disparaître l’inutile dans les profondeurs de la nuit automnale afin de nous rendre disponible à un du neuf. C’est le temps de réfléchir à ce qui donne un sens à notre vie, de voir si nos choix reflètent bien nos valeurs les plus profondes, et d’ordonner nos priorités. C’est le temps de cultiver notre jardin intérieur pour y laisser fleurir sagesse, nérosité et amour. Et nous retrouver corps et âme…
Nicole Eraers
(1) Dr Marc Schwob, Les rythmes du corps, p.17-18, Ed. Odile Jacob, avril 2007, France.